mercredi 6 mai 2015

Nabab




Nabab de Sophie Dacbert aux éditons Robert Laffont




   Vous voulez découvrir le monde du cinéma de l'intérieur? Alors suivez Zoé, aspirante réalisatrice dans son parcours du combattant pour réaliser son premier film. Vous êtes prêts? Alors silence! On tourne.

    Zoé, fraîchement diplômée de la Tisch School of Arts, célèbre école de cinéma de l'université de New York, rentre en France. Elle a un projet : transformer son court métrage de fin d'études en long métrage. Toute l'équipe est déjà constituée, le lieu de tournage déniché, il ne lui  manque plus que le financement pour mener son film a bien. Très vite elle obtient une avance sur recettes du Centre national du cinéma, mais c'est loin d'être suffisant. Elle va devoir s'armer de courage et de patience pour aller frapper aux portes des principaux producteurs et distributeurs qui font la pluie et le beau temps, qui se partagent les parts du gâteau qu'est le cinéma français.

   De décembre à mai 2011, avec Zoé, nous allons à la rencontre de tous ces pontes qui font le cinéma. Les personnages réels, car dans ce roman, seul le personnage de Zoé est fictif. Les interactions entre eux sont fictives aussi mais sûrement très proches de la réalité car les aspects de leurs personnalités respectives ont été respectés. Sophie Dacbert sait de quoi elle parle car elle a longtemps été rédactrice en chef du Film français, le journal des professionnels du cinéma.

  Le lecteur plonge avec Zoé dans ce monde marqué par les rivalités entre producteurs, distributeurs courtisés par les réalisateurs désireux de faire avancer leur projet. Des rivalités qui vont jusqu'à diviser des familles. On y voit les tractations qui ont lieu autour de la sélection des films pour le festival de Cannes. Cette période décrite dans le livre est riche et fascinante puisque c'est la période pendant laquelle Thomas Langmann cherchait à imposer à la France et au monde ce projet audacieux qu'était le film The Artist, avec le succès que l'on connaît.

   Dans ce roman passionnant qui mêle habilement réalité et ficiton, Sophie Dacbert décortique au scalpel cet univers impitoyable qu'est le monde du septième  art. Elle le fait avec une plume précise, incisive, acérée, sans fioritures. On découvre un monde bien loin des paillettes et des strass, un vrai panier de crabes ou seuls les plus forts survivent.

  "Mais après six mois de démarches infructueuses, la famille du cinéma commençait à lui donner des boutons. Ils ne répondaient en rien à ce quelle s'était imaginé. Elle s'attendait à de vrais cinéphiles, des passionnés, des saltimbanques, des hurluberlus, des curieux. Jusqu'ici, elle n'avait rencontré que des gens dénués de fantaisie, mi-financiers mi-hommes de marketing, qui lui rabâchaient le même discours : la dictature des télévisions dans le financement du cinéma, le trop grand nombre de films produits, la dérive des cachets des comédiens, l'obsolescence de la convention collective des techniciens. Tours et détours pour ne pas résoudre son problème : comment finir Girls, son premier et probable dernier film."



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