jeudi 18 juin 2015

Souvenirs de lecture14 : Alain Cadéo




Souvenirs de lecture  14 : Alain Cadéo


   Nous avons tous de ces lectures qui nous ont profondément touchés, qui sont comme des madeleines de Proust : on se souvient d'où on était quand on les lisait, quel temps il faisait. Il m'a semblé intéressant de savoir quelles lectures avaient marqué les auteurs que nous lisons et en quoi elles avait influencé leur désir d'écrire. Aujourd'hui c'est Alain Cadéo qui me fait l'honneur de répondre à mes questions. Je le remercie pour son temps précieux, sa gentillesse et sa disponibilité.


LLH : Quel livre lu dans votre adolescence vous a le plus marqué et pourquoi ?

AC   : Mes premières locomotives-lectures à la vapeur furent les Russes dans ce brouillard de l'adolescence. Tourgueniev sans doute, Gogol, Tchekov et enfin Dostoïevski. Les lourdes traductions, le nom des personnages, l'extrême complexité de l'âme humaine, l'orgueil, l'humilité, la petitesse et la grandeur, le saint, l'anachorète et criminel, le serf, le nouveau riche, l'aristocratie de campagne, tout s'offrait à moi dans un désordre succulent. Même si j'avais du mal à tout comprendre je sentais bien qu'il y avait là-dessous le foisonnement passionnel d'une humanité au bord de la rupture. Là enfin rien n'était logique et raisonnable et dans ce maelström de sentiments l'adolescent que je suis, que j'étais, pressentait la richesse du monde.


LLH : En quoi ce livre a-t-il eu une influence sur votre désir d'écrire ?

AC   : Désir d'écrire. Adolescent, à la périphérie des villes, la nuit, dans un demi-sommeil, on perçoit quelques fois, le bruit assourdissant d'une moto en fuite et l'on suit longtemps cette rumeur qui n'en finit plus de disparaître. Tous les livres que j'aimais étaient de la même manière "invitations au voyage". Dehors, ailleurs, plus loin , autrement. Alors écrire c'était bouleverser la quiétude des roupilleurs, "Fuir, là bas, fuir"... Petit Marco Polo des coeurs j'avais à découvrir l'immensité d'une réalité suggérée par l'écrit. Mettre ses pas dans les traces toujours fraîches des grands aventuriers de l'esprit. Aller le plus loin possible dans une réalité que l'on peut, que l'on doit transcender. Aller au-delà du petit "moi" étriqué, foutre le camp dans les pampas éternellement vierges de tous nos possibles. Voilà quel serait mon "job".


LLH : Quelles sont vos dernières lectures coups de coeur ?

AC   : Mes dernières lectures. Les classiques en boucle, d'Homère à Jean Giono, de Montaigne à Miller, avec parfois de délicieuses lectures contemporaines...


Biographie

   Il vous faut un élément "biographique"... Hélas, biographie, sismographie, au battement de coeur près il y faudrait un livre et ce serait indigeste et illisible. Et puis parler de soi, ça vous a un côté réducteur de têtes, Jivaro de la pensée moderne et je suis très mauvais empailleur et n'ai aucun culte pour la taxidermie. Je vous laisse donc libre d'inventer, vos intuitions sont sûrement fulgurantes, fiez vous comme moi à ce que vous éprouvez lorsque vous touchez l'émotion pure.

  Dramaturge et romancier, je n'ai pour l'instant lu d'Alain Cadéo que son superbe Zoé, publié chez Mercure de France en 2015 et dont vous trouverez ma chronique ici.


Encore un grand merci à Alain Cadéo pour sa gentillesse et sa disponibilité. Si vous ne connaissez pas encore la plume pleine de souffle, de fantaisie, de poésie de cet auteur, je vous invite à la découvrir d'urgence.



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