jeudi 12 mai 2016

Ma vie en noir et blanc


Ma vie en noir et blanc de Delphine Bertholon aux éditions Rageot



Ana va avoir 15 ans. Elle vit avec sa mère, son beau-père et sa petite sœur Zoé. Au collège, elle n’a qu’une amie : Mélie. Ana est différente. Elle se considère comme une erreur de la nature. Elle ne connaît pas son père, elle est achromate (elle ne voit la vie qu’en noir et blanc) et sa mère n'a rien trouvé de mieux que  de renforcer sa bizarrerie en l’affublant d’un prénom palyndrome : ANA (il peut se lire dans les deux sens).

« A-N-A. Le miroir parfait.
Ça me fait une belle jambe !
Même mon prénom est monstrueux.
« Palindrome », on dirait une créature immonde de la mythologie grecque ou un virus horrible qui transformerait les humains en zombie cannibales. Bien sûr, Maman ne pouvait pas savoir que je serais «différente » lorsqu’elle l’a choisi – on a appris ma bizarrerie quand j’avais trois mois, parce que je ne supportais pas les lumières vives. N’empêche, cette information linguistique en a remis une louche niveau particularités. »

Pendant les cours, Ana écrit son roman, elle se met en scène dans la peau d’anA, femme fatale, inspirée des héroïnes de ces films des années cinquante qu’elle aime tant. Ces films-là , elle peut les voir comme tout le monde, ils sont en noir et blanc. Ce personnage lui permet de fuir son isolement, de vivre ce qu’elle voudrait vivre par procuration. Elle aimerait tant avoir autant de courage, être aussi libre qu’anA. Surtout pour aborder Kylian, le garçon dont elle est amoureuse.

Ana s’interroge beaucoup sur sa bizarrerie. A quoi  est-elle due ? Comment vivre au mieux avec ? Suite à un article sur un photographe parisien qui souffre du même mal qu’elle, Ana va partir à Paris avec Kylian à la recherche de réponses. Elle va devoir se comporter comme anA, son héroïne, prendre son destin en main pour en savoir plus sur elle-même et sur sa maladie.

Dans ce roman jeunesse, Delphine Bertholon revient sur l’un de ses thèmes de prédilection. Comment vivre avec une anomalie des sens. Elle nous parle de cette différence, de ce handicap qui bien qu’invisible, isole. Un roman passionnant, une Ana très attachante. Amis lecteurs, faites découvrir le style de Delphine Berholon à vos enfants et si vous ne connaissez pas sa plume, vous vous régalerez vous aussi. Un roman à découvrir à partir de onze ans .

« Quand j’étais petite, je tournais et tournais sur moi-même comme une toupie au milieu de ma chambre, les bras écartés, je tournais jusqu’à ce que les murs deviennent flasques, jusqu’au vertige piqué d’étoiles. Je croyais qu’ainsi mon père apparaitrait, sur l’écran noir projeté derrière mes yeux – une image de mon père. Bien entendu, ce genre de choses n’arrive jamais. Après, j’avais seulement mal à la tête, je m’écroulais en titubant sur mon lit, je regardais le plafond blanc qui continuait de tourner sans  moi.


La vie ce n’est pas du cinéma. La vie ce n’est pas un polar des années cinquante. Dans la vie, pas d’escarpins en python, de ténébreux à sacoche, de révélations folles dans les lumières brûlantes d’un bar des Amériques. Tout ça, c’est n’importe quoi. »

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